Communiqué à l’attention de la presse et du public

 

L’organisation « Tevgera Jinen Azad » (TJA) a organisé une conférence internationale intitulée « La chaîne du silence : Faire tomber les murs autour des femmes prisonnières politiques » les 13 et 14 janvier 2024 à Amed. Des femmes venues du Kurdistan du Sud, d’Iran, de Turquie, du Canada, de Palestine, de Catalogne, d’Irlande du Nord, du Pays basque, d’Amérique latine et des Philippines ont participé à cette conférence et y ont pris la parole.

Le premier jour de la conférence, les participant.es ont discuté de la nature sexiste, raciste et colonialiste des systèmes pénitentiaires des États-nations capitalistes. Les oratrices/orateurs et les commentatrices/commentateurs ont fait des présentations basées sur leurs expériences dans les prisons et le système carcéral en général.

Dans ce contexte, les participant.es qui ont partagé leurs expériences ont déclaré que les femmes qui luttent pour leur identité, leur liberté et leurs droits politiques contre les attaques de l’État colonial ont été emprisonnées à la suite de manipulations judiciaires et qu’elles ont été forcées de se soumettre et d’abandonner leurs combats au sein de prisons qui ont été conçues et construites par le système depuis une perspective masculine.

Les présentations du premier jour ont révélé de nombreux thèmes communs aux prisons de différents pays. Dans tous les discours, les femmes ont confirmé que la violence sexuelle était utilisée comme méthode de torture, mais qu’il s’agissait d’un problème souvent « ignoré et passé sous silence ».

Les participants ont déclaré que la violence physique et psychologique à l’égard des femmes n’était pas limitée à une région ou à un pays, mais qu’il s’agissait d’une pratique courante pour toutes les femmes détenues pour des raisons politiques. Les prisons sont conçues dans un espace qui est contraire à la physiologie et à la sociologie des femmes, les femmes sont systématiquement isolées, leurs droits à la santé et à la communication sont systématiquement violés et ces pratiques sont recouvertes par un voile de silence. Il est essentiel de briser ce silence.

Les femmes ont transformé ces espaces oppressifs d’emprisonnement en espaces où elles mobilisent l’objection et la résistance, où elles continuent de se former et de se renforcer. Les femmes détenues participent de manière créative à la création artistique, aux médias, à la politique et à la vie sociale, même lorsqu’elles sont en prison.

Les femmes ont réaffirmé que l’électrocution, le viol, l’isolement, l’interdiction de communiquer et les sanctions disciplinaires font partie des tentatives visant à briser leur volonté et à les forcer à se soumettre. Les femmes ont insisté sur le fait que la lutte et la solidarité doivent se poursuivre tant que ces pratiques contre la dignité humaine perdurent.

Les histoires des femmes du monde entier se sont inspirées les unes des autres. Les participantes ont salué les détenu.es politiques qui sont en grève de la faim dans les prisons depuis le 27 novembre 2023, exigeant la « Liberté pour M. Öcalan, qui est maintenu en isolement dans la prison de İmralı, ainsi qu’une solution à la question kurde ».

Le deuxième jour de la conférence, les femmes ont participé à des ateliers sur les médias et la presse, le droit et la défense des droits, le pouvoir de l’art et la mission de la politique.

A la suite des conférences, discussions et ateliers, les participant.es ont convenu des points suivants :

  • Création d’un « réseau international des femmes » composé d’organisations de femmes, d’intellectuel.es, d’artistes, de politiques et de bénévoles afin de rendre visibles les violations des droits des femmes emprisonnées, de sensibiliser l’opinion publique et d’assurer la solidarité ;
  • Utiliser efficacement les médias internationaux pour soutenir la lutte et les demandes de toutes les femmes prisonnières politiques qui continuent à résister face aux gouvernements oppressifs dans le monde entier ;
  • En lieu et place des mécanismes juridiques nationaux, que les États-nations utilisent comme des instruments utiles à leurs manipulations, les femmes doivent s’engager auprès d’entités régionales et mondiales (Cour européenne des droits humains, Conseil de l’Europe, Nations unies, Amnesty International, HRW, etc.) ;
  • Organiser une campagne mondiale pour la libération de toutes les femmes prisonnières politiques.

Il s’agit de la deuxième conférence organisée par TJA en défense des femmes prisonnières politiques. Chaque conférence a permis d’élargir le réseau de femmes et de sensibiliser davantage à la question des détenu.es politiques. La solidarité des femmes brisera les chaînes du silence qui enserrent les détenu.es politiques.

Jin ! Jiyan ! Azadi !

Tiocfaidh ár lá !

Zen ! Zendegi ! Azadi !

 

Tevgera Jinên Azad (TJA)

 

 

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